mardi 31 août 2010

Une vie de fou

   La vie toute entière de Vincent van Gogh (1853-1890) est un pain béni pour mon blog. C'est triste à dire mais elle n'est qu'une succession de désillusion, de frustration et de peine à commencer par son nom Vincent Willem van Gogh qui est celui d'un premier enfant mort-né de ses parents... Ce qui peut amener à penser que durant sa vie il se considéra comme un enfant de substitution, un remplaçant. Mais parmi toutes les péripéties que le peintre hollandais originaire de Groot-Zundert à dû surmonter, il y en a une qui sort vraiment du lot : l'affaire de l'oreille coupée !
Autoportrait à l'oreille coupée ou L'homme à la pipe 
-  Vincent van Gogh -
Décembre 1888-Mai 1889
   Le 24 décembre, dans la maison jaune de Van Gogh à Arles, éclate une énorme rixe entre ce dernier et Paul Gauguin, peintre pour qui Van Gogh voue une admiration telle qu'on dira qu'il voyait en lui une sorte de père. Ma prof d'Histoire des Arts au lycée nous avait dit qu'ils étaient amants mais, à mon grand dam, c'est une hypothèse qu'il faut écarter ! En tout cas la dispute est si forte que Gauguin rentre de suite à Paris et une oreille de peintre hollandais est sectionnée. Et c'est là que les versions diverges : la version la plus connue, basée sur le témoignage de Gauguin, veut que Van Gogh ait menacé son ami avec une lame de rasoir et qu'après la fuite de ce dernier il se soit mutiler. Moins connue mais aussi moins plausible (ok Van Gogh était peut-être un peu allumé mais faut pas en profiter pour le prendre pour un con non plus) une autre version dit qu'à l'annonce du mariage prochain de Théo, son frère, Van Gogh aurait mal réagit vis-à-vis de son éventuelle future paternité, vis-à-vis de son propre père mais aussi de Gauguin qu'il pouvait voir comme un père de substitution... De la psychologie de comptoir quoi ! Et enfin la dernière version, ma préférée et la plus vraisemblable (à mes yeux) voit en Van Gogh la victime de la violence de Gauguin qui lui aurait coupé l'oreille avec un sabre. Pourquoi pas ? Surtout que Gauguin était un très bon escrimeur à ce qu'il paraît ! Et donc il aurait fui de suite à Paris et Van Gogh n'aurait rien dit pour le protéger.
   En ce qui concerne la suite des évènements les versions se retrouvent : Vincent offrit son oreille à une prostituée... A chaque fois que je m'imagine la scène, bien qu'elle soit vraiment glauque et pathétique, je ne peux m'empêcher de rire (mais je ne me moque pas) !
   Le lendemain il est retrouvé baigné dans le sang, couché dans son lit à moitié inerte.
Autoportrait à l'oreille bandée - Van Gogh -
Janvier 1889

   Ce contentieux avec Gauguin va en tout cas lui permettre de créer deux tableaux aux styles expressionnistes et fauves dirons-nous (bien que le style de Van Gogh soit indéfinissable tant le rapprochement avec différents courants picturaux de cette époque est possible) : il s'agit de l'Autoportrait à l'oreille coupée ou L'homme à la pipe daté de Décembre 1888 à Mai 1889 et de l'Autoportrait à l'oreille bandée de Janvier 1889. Les deux autoportraits se ressemblent, les habits de Vincent sont similaires, mais aussi très différents dans la vision qu'il a de lui-même. Dans le premier les yeux sont plus rapprochés et le regard est inquiétant, inquiété presque même implorant, mais il se donne une espèce de nonchalance en fumant sa pipe, alors que dans le second autoportrait il semble plus détendu et le regard est moins paniqué. Les couleurs sont aussi plus douces que dans le premier tableau où Vincent pose devant un fond orange et rouge, des couleurs agressives qui font très certainement référence à ce qui s'est passé le soir du 24 Décembre. Mais ce qu'il peut y avoir de particulier c'est que Van Gogh oppose le rouge de bas fond de la toile au vert de son manteau. Le rouge étant la couleur complémentaire du vert, des couleurs qui complète autant qu'elle s'oppose, Vincent a peut-être voulu faire référence ici à la relation très ambiguë qu'il entretenait avec Gauguin et qu'il ne reverra plus jamais après ça.

dimanche 29 août 2010

Pauvre Edvard

   On nous l'a rabâché : cette année c'est l'année de l'impressionnisme. On a eu droit à toutes les expo possibles consacrées à ce courant de la fin du XIXème siècle et à leurs représentants : Degas au Havre, Luce à Giverny, tous les autres à Rouen – surtout qu'habitant près de Giverny et non loin de Rouen je ne pouvais y échapper – mais néanmoins très intéressantes enfin pour l'unique que j'ai fait « La Seine au fil des peintres » à Giverny, le fief de Claude Monet... Mais, honte sur moi, je n'ai pas (encore) fait celle de Rouen !
   Bref en l'honneur de ce Festival Normandie Impressionniste je me devais de faire un premier article concernant une anecdote trash, compliquée et/ou dissolue d'un Monet ou d'un Seurat mais... non ! Comme à partir de cette époque l'art n'a été qu'une succession de courant artistique contredisant le précédent je vais n'en faire qu'à ma tête et comme eux je vais jouer l'anticonformiste en vous parlant d'un artiste norvégien rattaché au symbolisme : Edvard Munch (1863-1944).
   Le symbolisme est un courant né quasiment en même temps que l'impressionnisme, vers le milieu des années 1870, mais qui contrairement à ce mouvement est plutôt attendu techniquement parlant et pour la majorité des peintres, ce qui va discréditer en quelque sorte ce courant aux yeux des autres artistes du moment. Surtout que, tandis que les impressionnismes sortent pour admirer la beauté des paysages et savourer leur mise en lumière (voir Impression, soleil levant de Monet - 1872), les symbolistes se penchent sur un univers onirique et parfois hermétique (L'apparition de Gustave Moreau – 1876).
Le Cri - Edvard Munch - 1893
   Munch est en quelque sorte un impressionniste tout en étant symboliste... En gros : un indépendant, bien qu'il se soit adonné aux deux styles. On peut même dire que son oeuvre est teintée d'expressionnisme car il y met toutes les souffrances et les désillusions qu'il a accumulé tout au long de sa vie : pour commencer Munch était quelqu'un de phobique et de très angoissé, une angoisse qui s'explique par la mort de sa mère lorsqu'il n'a que 5 ans, celle d'une soeur plus tard et la folie d'autre ensuite qui l'ont amené à penser que son tour finirait bien par arriver. La mort ou la folie ? C'est certainement ce joyeux dilemme qui le contraignit à "pousser" le fameux Cri en 1893 dont il peignit  une cinquantaine d'autres versions ! 
   Mais ce ne sont pas ces drames qui le blessèrent le plus : après l'infidélité d'une femme l'artiste ne verra les autres que comme des vampires, comme il le peint dans sa toile éponyme datant de 1893 : Vampire
Vampire - Munch - 1893
Une autre anecdote l'a atteint au plus profond une nouvelle fois et lui a fait totalement perdre confiance en les femmes lorsqu'en 1898 une jeune fille, Tulla Larsen, qui veut l'épouser, lui fait croire à sa mort pour lui causer un électrochoc artistique et lui prouver qu'il tenait à elle... S'ensuit une dispute qui mènera un coup de feu et qui atteint la main gauche de Munch. A la suite de cette histoire il prend la décision de ne jamais se marier.
En 1905 le peintre norvégien subit une grave dépression. Ses cures dans les cliniques lui feront perdre ou du moins atténuer l'aspect morbide et glauque de ses toiles mais l'artiste reste toutefois prolifique et expressif en peignant des paysages et d'autres sujets moins torturés (Autoportrait, le vagabond nocturne – 1923-1924).  
Autoportrait, la vagabond nocturne - Munch - 1923-1924

Derrière le blog

Derrière le blog se cache un passionné d'art qui adore partager son goût pour la peinture et qui la pratique aussi. C'est justement le thème de ce blog sauf que je ne fais pas un topo sur l'Histoire de l'art mais que j'y raconte des anecdotes et des histoires croustillantes, surprenantes, glauques, morbides voire carrément flippantes du monde de la peinture, à toutes les époques... C'est plus intello que Closer et moins chiant qu'Arte !